Depuis la pandémie de covid-19, le télétravail s’est imposé comme une nouvelle norme dans le monde professionnel. Les entreprises ont dû s’adapter et repenser leur organisation pour permettre à leurs employés de travailler à distance. Mais cette nouvelle tendance ne se limite pas à une simple réponse à une crise sanitaire. Avec l’essor des technologies de communication et la mondialisation des échanges, le télétravail est devenu une véritable révolution dans notre façon de concevoir le travail.
Cependant, cette nouvelle réalité n’est pas sans poser de défis. En particulier, il est parfois difficile de savoir ce que le télétravail implique réellement dans une entreprise. Certaines sociétés vantent les mérites du télétravail pour attirer les candidats, mais ne garantissent rien de concret derrière. On peut alors se demander si cette promesse de télétravail n’est pas un simple “télébullshit”.
Qu’est-ce que le “télébullshit” ?
Le “télébullshit” est un terme qui désigne les exagérations, les flous et les mensonges dont certaines entreprises se servent pour habiller leur politique de télétravail. Il s’agit de promesses qui peuvent sembler alléchantes, mais qui ne se concrétisent pas une fois le contrat signé.
Pour éviter de tomber dans le piège du “télébullshit”, il est important de savoir repérer les signaux d’alerte dès la phase d’entretien. Nadia Harris, fondatrice du site remoteworkadvocate.com et experte du télétravail, nous donne quelques pistes pour savoir si une entreprise pratique réellement le télétravail ou si elle se contente de l’afficher.
Tout d’abord, il est important de clarifier ce que l’entreprise entend par “télétravail”. “À distance” est une expression ambiguë qui peut recouvrir des réalités très différentes selon les entreprises. Certaines exigent que leurs employés restent dans le pays, tandis que d’autres autorisent le travail depuis n’importe où dans le monde. Selon Nadia Harris, la définition du télétravail est simple : “Peu importe où chaque personne est basée, ce qui compte c’est que les salariés mènent à bien leur travail de façon optimale. Les attentes sur les résultats sont à définir avec l’entreprise.”
Il est également important de se renseigner sur les horaires de travail. Certaines entreprises exigent que leurs employés soient connectés aux horaires habituels de bureau, ce qui ne permet pas de tirer pleinement parti du télétravail. Selon Nadia Harris, “Travailler depuis chez soi est une forme de télétravail, mais il s’agit de deux concepts différents.”
Enfin, il est important de poser des questions sur l’organisation concrète du télétravail dans l’entreprise. Est-ce que les horaires sont imposés ? Les pauses doivent-elles être signalées ? Y a-t-il une politique de travail globale ou est-ce que le télétravail est réservé à certains profils ? Peut-on travailler ailleurs que chez soi ? L’entreprise a-t-elle mis en place une charte de télétravail ?
En fonction des réponses à ces questions, il est possible de savoir si l’entreprise pratique réellement le télétravail ou si elle se contente d’en faire la promotion.
Comment poser les bonnes questions en entretien ?
Si le sujet du télétravail est flou dans l’offre d’emploi ou dans les informations disponibles sur l’entreprise, il est important de le clarifier en posant des questions en entretien. Selon Nadia Harris, “Les candidats ont droit à une pleine transparence. Une entreprise ne peut pas publier une offre en full remote quand en réalité on vous parle d’une ‘possibilité’ de travailler depuis chez vous ou qu’on vous demande de ‘venir au bureau de temps à autre’.”
Pour décrypter la politique de télétravail réellement appliquée par l’entreprise, Nadia Harris propose les approches suivantes :
* Renseignez-vous sur l’équipe. Où est-elle basée ? Dans la même ville ? Dans le pays ? Aux quatre coins de la planète ? L’entreprise privilégie-t-elle le salariat ou la sous-traitance ? Comment facilite-t-elle la collaboration asynchrone ?
* Abordez la question des horaires. Les heures sont-elles pointées ? Si oui, pourquoi ? Y a-t-il une plage horaire quotidienne imposée ?
* Posez des questions sur l’organisation au quotidien. Comment les salariés rendent-ils compte de leur travail ? Comment l’équipe communique-t-elle ?
Il est également important de demander des exemples concrets de la politique de télétravail de l’entreprise. Selon Nadia Harris, “Il devrait y avoir un guide, des bonnes pratiques. Si ce n’est pas le cas, il y a le risque que l’employeur tombe dans ce qu’on appelle le biais de proximité, où on finit par checker la puce verte sur Slack, à savoir l’indicateur d’un salarié connecté.”
Enfin, il est important de préparer le terrain avant de postuler à une offre d’emploi en télétravail. Le télétravail n’est pas un travail en soi, mais un mode de travail qui peut s’appliquer à différents types de postes. Avant de chercher un poste en télétravail, il est important de faire le point sur ses compétences, son expérience et ses envies professionnelles. Selon Nadia Harris, “Ne postulez pas uniquement parce que c’est du télétravail.”
Si le télétravail est un critère important pour vous, il est important de clarifier votre définition du télétravail et de montrer votre capacité à gérer ce mode de travail. Il est également important de vérifier que tout le monde est d’accord sur les conditions exactes de votre télétravail avant de signer un contrat.
En conclusion, le télétravail est une réalité qui s’est imposée dans le monde professionnel ces dernières années. Cependant, il est important de savoir repérer les signaux d’alerte pour éviter de tomber dans le piège du “télébullshit”. En posant les bonnes questions en entretien et en se renseignant sur l’organisation concrète du télétravail dans l’entreprise, il est possible de savoir si une entreprise pratique réellement le télétravail ou si elle se contente d’en faire la promotion. Enfin, il est important de préparer le terrain avant de postuler à une offre d’emploi en télétravail, en clarifiant ses propres attentes et en montrant sa capacité à gérer ce mode de travail.